Dieynaba Kane est une ardente défenseure des droits humains. Depuis plusieurs années, elle sensibilise aux conséquences possibles de l’excision — une pratique qu’elle connaît bien, ayant, d’après son propre décompte, excisé environs 100 filles au cours des vingts années où elle a exercé la fonction d’exciseuse dans sa communauté.
Née en 1955 au Fouta, une région conservatrice dans le Nord du Sénégal, Dieynaba a grandi dans un village où l’excision était une pratique à laquelle étaient soumises toutes les filles. C’était une tradition de longue date qui semblait devoir exister pour les siècles à venir. Au sein de sa communauté, cette pratique était complètement tabou; en parler franchement était quasiment impensable. Une femme qui n’excisait pas sa fille détruisait sa propre réputation et celle de son enfant.
Une partie importante de l’enfance de Dieynaba a été occupée par cette pratique. Sa mère, elle-même exciseuse, l’a formée pour qu’elle suive le même chemin. À 19 ans, en 1974, elle a commencé à exciser des filles; d’habitude deux ou trois à la fois. Sa propre fille aînée a été soumise à cette pratique.
C’est lorsqu’elle est devenue matrone en 1988, qu’elle a pu observer les conséquences néfastes de la pratique. Les maladies, les infections, les fistules, les hémorragies internes et les difficultés auxquelles les femmes étaient confrontées lors de l’accouchement l’ont profondément perturbée. Au fil du temps, Dieynaba a fini par faire le lien entre les incidents lors de nombreux accouchements et la pratique de l’excision. Elle a compris que cette pratique avait des conséquences délétères et qu’il était urgent de l’abandonner. En 1992, elle s’est courageusement résolue à tourner le dos à cette pratique et elle a refusé que ses deux autres filles soient excisées.
Dieynaba est ainsi devenue une ardente défenseure des droits à la santé et à la sécurité des femmes. En 2003, elle s’est associée à Tostan pour participer aux efforts de sensibilisation des communautés sur les conséquences possibles de l’excision. Suite à cet engagement, elle a créé une association réunissant d’anciennes exciseuses. Cette association a été officiellement reconnue par le gouvernement en 2005. Elle a également joué un rôle important dans une déclaration publique d’abandon de l’excision et du mariage précoce au Fouta en novembre 2005.
En 2018, Dieynaba s’est jointe à une caravane d’agents de mobilisation sociale qui voyageait à travers le Fouta afin de faciliter des discussions sur la santé et les droits humains; un travail rendu possible grâce à l’un de nos partenaires, Orchid Project. En s’exprimant publiquement et lors de cérémonies familiales, elle continue à informer son entourage de l’importance des droits humains. Galvanisée par l’enthousiasme dont font preuve ses interlocuteurs lorsqu’ils comprennent les effets de cette pratique autrefois tabou; elle ne cesse de s’impliquer afin que le maximum de communautés abandonnent l’excision.