Alors que la COP 29 se termine à Bakou avec l’engagement des pays développés de mobiliser au moins 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour soutenir les pays en développement face au changement climatique, une question essentielle demeure : qui bénéficiera réellement de ces fonds ? En effet, les communautés indigènes -véritables gardiennes de nos écosystèmes- restent largement marginalisées dans la répartition des financements climatiques. Pourtant, leurs savoirs ancestraux représentent des solutions durables et efficaces pour préserver notre planète.
Le Hearth Summit Thiès, organisé en octobre dernier au Sénégal par Tostan et The Wellbeing Project, a révélé le rôle crucial que jouent ces savoirs locaux dans la lutte contre le changement climatique. Les pratiques écologiques des Bassari du Sénégal et des Maasaï du Kenya offrent des modèles viables et inspirants, capables de transformer le récit climatique mondial. Mais pour cela, elles doivent recevoir un soutien à la hauteur des défis actuels.
Financer les initiatives locales : un impératif
Pour, les Bassari, préserver la nature n’est pas seulement une nécessité environnementale : c’est un devoir culturel et spirituel. Nos forêts sacrées, bien plus que des refuges pour la biodiversité, sont des symboles de notre identité collective. Pourtant, ces espaces vitaux sont aujourd’hui menacés par l’exploitation anarchique des ressources et les effets du changement climatique.
Nos pratiques, comme l’extraction durable du vin de palme sans abattre les arbres ou l’apiculture respectueuse des colonies d’abeilles, démontrent qu’il est possible de conjuguer exploitation des ressources et préservation des écosystèmes.
Les Maasaï, en Afrique de l’Est, sont un autre exemple inspirant. Leur coexistence harmonieuse avec la faune a permis de protéger des espèces emblématiques tout en adoptant un modèle de développement durable respectueux des écosystèmes. Mais eux aussi subissent des pressions croissantes, notamment l’expansion agricole et le tourisme de masse, qui menacent leur mode de vie ancestral.
Si la COP29 aspire à devenir un tournant décisif, les parties prenantes doivent garantir que les financements climatiques atteignent directement les communautés locales.
Exposition artistique Bassari pendant le Hearth Summit Thies
Réinventer le narratif écologique
Le défi climatique en Afrique ne pourra être relevé qu’en écoutant et en amplifiant la voix des communautés indigènes qui protègent la terre depuis des générations sans intérêt économique. Elles ne sont pas des victimes passives du changement climatique : elles sont des gardiennes de la nature, porteuses de solutions concrètes.
Le Hearth Summit Thiès a mis en lumière certaines de ces solutions qui montrent la voie. Le Green Belt Movement de Wangari Maathai au Kenya, par exemple, a permis la reforestation et la protection des écosystèmes grâce à une mobilisation communautaire massive. De même, les rites d’initiation des Bassari, qui incluent des pratiques de préservation des forêts sacrées, témoignent d’une approche intégrée où culture et écologie se rejoignent.
Pour que ces solutions soient pérennes, elles doivent être pleinement reconnues, valorisées et intégrées aux politiques publiques tant au niveau national qu’international. Ces savoirs écologiques ancestraux doivent être protégés et transmis aux générations futures.
La COP29 offre une opportunité unique : celle de prendre des engagements fermes en faveur des communautés locales, porteuses de solutions durables et inclusives.
C’est en orientant les financements et les politiques vers ces initiatives enracinées dans les valeurs culturelles et les réalités des communautés que les leaders mondiaux peuvent poser les bases d’un avenir véritablement durable pour tous.
Cette tribune a été publiée par https://www.africa.com/