Mamadou Ramatou Diallo (Ramatou) vit à Sahre Bookar, au Sénégal, où elle est coordinatrice de la commission santé du Comité de Gestion Communautaire (CGC) de son village. Le CGC existe depuis 2010, quand Tostan a ouvert des classes de son programme d’éducation communautaire à Sahre Bookar. Rencontre avec une femme qui change la vie de son village.

Ramatou et sa fille Miriama

Le CGC se compose de 17 membres choisis démocratiquement, qui se divisent en 6 commissions (santé, environnement, protection de l’enfant, éducation, mobilisation sociale et activités génératrices de revenus). Le Comité est chargé d’organiser des événements de sensibilisation dans la communauté et de mener des projets de développement conçus par le village. Au moins 9 des membres du CGC doivent être des femmes. 

En 2011, suite aux enseignements reçus en matière de santé et de droits humains, le village de Sahre Bookar a organisé une rencontre entre habitants pour discuter de l’abandon de l’excision et des mariages précoces/forcés. Un consensus a été atteint : les membres de la communauté ont reconnu que ces pratiques sont dangereuses pour la santé des filles et des femmes et violent leurs droits humains fondamentaux.

 Aujourd’hui, Ramatou est confiante. La responsable de la commission santé de Sahre Bookar veut croire que les filles du village, en particulier Miriama, sa fille de 13 ans, bénéficieront de ce nouveau respect des droits des filles. Il y a quelques années, les filles pouvaient être mariées dès l’âge de 13 ans, avec des hommes choisis par leurs parents. A présent, elles peuvent rester à l’école et se marier après 18 ans, avec l’homme de leur choix.

Avec les autres membres de la commission santé, Ramatou a organisé dans le village plusieurs campagnes de sensibilisation sur la vaccination, le paludisme ou encore la réduction des risques durant la grossesse. Les changements sont déjà visibles : depuis l’arrivée de Tostan, les villageois dorment sous des moustiquaires, les parents respectent le calendrier vaccinal planifié par le poste de santé local et les femmes enceintes assistent aux consultations pré et post-natales, accouchant dans le centre de santé plutôt qu’à la maison.

Ramatou a également lancé un fonds communautaire pour la santé, auquel chacun contribue à hauteur de 0,15€, trois fois par an. Ce fonds permet ainsi de soutenir les initiatives prises en matière de santé dans la communauté et d’accorder des prêts aux villageois pour les aider à payer les frais d’hospitalisation et de transport. Ramatou, avec l’aide du poste de santé, espère utiliser ce fonds prochainement pour créer une armoire à pharmacie, qui permettra d’assurer l’accès aux médicaments de base à Sahre Bookar.

En participant au programme de Tostan, Ramatou a acquis de nouvelles connaissances et compétences qui ont lui permis de jouer un nouveau rôle dans sa région en faveur de la santé et du bien-être des habitants de Sahre Bookar et des villages environnants.

Un récit d’Anna Vanderkooy, volontaire à Tostan Sénégal