Les conditions de vie dans les prisons sénégalaises sont souvent difficiles: l’accès à l’eau, aux toilettes et aux services médicaux est limité; les espaces de vie et de divertissement sont restreints. L’organisation d’activités de réinsertion pour les détenus fait également défaut alors qu’elles s’avèrent décisives pour réduire le risque de récidive. En outre, les détenus sont souvent stigmatisés et rejetés par leur cercle social, ce qui rend très complexe le processus de réinsertion dans la vie familiale et communautaire après leur détention.
Au Sénégal, Tostan a développé une version adaptée du Programme de Renforcement des Capacités Communautaires (PRCC) afin d’aider à la réinsertion des détenus dans leurs communautés. A travers des cours et des séances de sensibilisation dans les prisons, Tostan permet aux participants d’acquérir des connaissances sur les droits humains et leur fournit des compétences pratiques pour lancer une activité économique. Le Projet Prisons favorise aussi les échanges entre les détenus et leurs familles afin de leur permettre de mieux se réinsérer dans leur communauté après leur mise en liberté.
Pour mieux comprendre l’importance de cet engagement, lisez ces deux témoignages récemment recueillis.
La famille de Demba à Kolda
Demba Sané reprends le contact avec sa famille après 10 ans de séparation
Demba a purgé un peine de dix ans au Camp Pénal de Liberté 6 à Dakar sans visite ni contact avec sa famille. Sa femme et ses enfants n’avaient aucune idée du lieu où il se trouvait. Tostan, dans le cadre du Projet Prison, a retrouvé sa communauté à Diaobé, une zone rurale à plus de 500 kilomètres de Dakar dans la région de Kolda au sud du Sénégal. Tostan a réussi à remettre Demba en communication avec sa famille, très heureuse de pouvoir le trouver après dix ans sans nouvelles. Grâce à des séances de médiation avec sa famille, le chef de village, l’imam ainsi que d’autres notables de la communauté de Diaobé; Tostan a pu expliquer la situation de Demba afin de faciliter sa réinsertion lorsqu’il sortira du camp pénal.
Ivonne Diouf crée une entreprise et devient formatrice
Ivonne présente ses produits.
Au Sénégal, les femmes détenues en prison sont souvent stigmatisées par leur famille et leur communauté. Le manque de compréhension des défis auxquels les prisonnières font face en prison, et le rejet communautaire les empêchent de se réinsérer dans la vie sociale après leur sortie de détention. Ivonne Diouf est l’une des plusieurs ex-détenues encadrées par Tostan dans le quartier de Diakhay à Dakar. En menant des médiations téléphoniques entre Ivonne et sa famille et en impliquant des personnes influentes telles que le curé et le chef de quartier; Tostan a pu faciliter sa réintégration. Par la suite, une formation en transformation de fruits, légumes et céréales locales a permis à Ivonne de lancer sa propre activité entrepreneuriale et de devenir une participante active du développement économique de son milieu en formant des autres femmes dans ses nouvelles compétences. Maintenant, au lieu d’être stigmatisée et ignorée, Ivonne est membre de la communauté à part entière et y est active et influente.
Tostan remercie la fondation ‘Wallace Research Foundation’ pour le financement des activités dans les prisons, et l’ambassade des Etats-Unis à Dakar pour les activités de rehabilitation hors des prisons.
