« Pour triompher du mariage précoce, nous devons construire un mouvement : un mouvement local, un mouvement national, un mouvement à travers l’Afrique, où la société civile peut travailler en partenariat avec nos gouvernements pour s’occuper des mariages précoces »
Graça Machel, défenseur international des droits des femmes et des enfants, membre de The Elders.
Au début du mois de novembre, Khalidou Sy, coordinateur national de Tostan au Sénégal, s’est rendu en Afrique du Sud pour participer à la rencontre sur les mariages précoces, organisée par le partenariat « Filles pas Epouses ». 90 organisations de la société civile africaine avaient répondu présent lors de cette rencontre internationale.
Filles pas Epouses est un partenariat mondial qui rassemble 200 ONG dédiées à la lutte contre le mariage des enfants. Cette grande diversité d’organisations travaille à tous les niveaux (communautaire, local, national et global) pour éveiller les consciences sur les droits des filles, soutenir les victimes de mariages précoces et obtenir le soutien de donateurs et de gouvernements pour mettre fin à la pratique.
Au Sénégal, environ 40% des femmes âgées de 45 à 49 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans et 16% d’entre elles l’ont été avant 15 ans (enquête 2010-2011 EDS – MICS). Les mariages précoces et forcés réduisent drastiquement les opportunités pour le futur des filles, qui sont souvent obligées de quitter précocement l’école et sont victimes de conséquences néfastes à leur santé lors de grossesses précoces.
Au cours de la rencontre internationale, Khalidou Sy a partagé les stratégies mises en œuvre par Tostan et ses communautés partenaires pour promouvoir l’abandon des mariages précoces/forcés, à travers le Programme de Renforcement des Capacités Communautaires (PRCC). Tostan partage dans les communautés de nouvelles informations sur les droits des filles à l’éducation, à se marier à la personne de leur choix et sur les conséquences en matière de santé des grossesses précoces.
Ces connaissances sont partagées dans le cadre des classes de Tostan, par des activités de mobilisation sociales et par des programmes radio en langues locales, diffusées dans les 8 pays d’intervention de Tostan. Ces nouvelles informations, associées à un environnement dynamique d’apprentissage permettent de mobiliser les familles et les communautés en faveur de l’abandon de la pratique. Leur décision est en particulier mise à l’honneur lors de déclarations publiques d’abandon des pratiques traditionnelles néfastes. Depuis 1997, 5002 communautés ont déclaré abandonner les mariages précoces et forcés et d’autres pratiques néfastes au Sénégal.
Les deux jours de rencontre à Johannesbourg ont rassemblé des centaines de leaders venus de toute l’Afrique pour partager leurs stratégies et nouer des liens pour promouvoir l’abandon des mariages précoces. Le partenariat Filles pas Epouses, qui inclut Tostan et bien d’autres organisations, prend de l’ampleur dans les communautés, la société civile, les gouvernements et les organisations internationales avec pour objectif l’abandon des mariages précoces d’ici 2030.