BISSAU – La pandémie de COVID-19 s’est avérée être un test majeur de notre action collective. À l’échelle mondiale et locale, les collectivités trouvent de nouvelles façons de mettre en avant leur santé. Avec le soutien de leurs Comités de Gestion Communautaire (CGC) formés, les communautés partenaires de Tostan en Guinée-Bissau nous montrent que le modèle centré sur la communauté est très pertinent pour les situations de crise.

Début juin, la Guinée-Bissau a atteint plus de 1300 cas confirmés, 153 patients guéris et 12 décès liés au COVID-19. Dans son plan d’urgence, le gouvernement de la Guinée-Bissau cite la diffusion de messages de prévention et de contrôle pour assurer l’appropriation et la participation des communautés aux mesures de prévention et d’intervention. Pour soutenir le plan du gouvernement, la coordination nationale de Tostan Guinée-Bissau s’est rapprochée du département des communications du Centre d’opérations pour les urgences sanitaires (COES). Conformément au plan du gouvernement, Tostan Guinée-Bissau livrera plus de 11 500 brochures d’information aux communautés partenaires et aux autorités locales des régions de Bafata, Gabu et Oio. Nous poursuivrons également les communications à distance avec les collectivités et les émissions de radio publiques.

Le CGC de Bantandjan a mis en place un périmètre sanitaire autour d’un des plus grands quartiers du secteur de Farim

Avant les premiers cas signalés en Guinée-Bissau, les communautés partenaires à travers le pays avaient déjà adapté leurs plans d’action mensuels de sensibilisation en février pour faire connaître aux membres de la communauté l’importance de la vigilance pour sauvegarder les communautés. Avant que l’information sur la prévention du virus ne soit largement disponible, les CGC avaient identifié le lavage des mains avec du savon et de l’eau de Javel comme moyen de dissuasion majeur. Lors d’une réunion intersectorielle des membres de la communauté à Farim, le CGC hôte a dirigé les véhicules transportant les participants vers une zone sanitaire où ils ont été invités à se laver les mains à l’eau blanchie. Cette image a établi le rythme et la norme pour d’autres CGC, car nous avons appris plus tard que le lavage des mains à l’eau et au savon était cité comme l’une des méthodes de prévention mondialement reconnues pour le COVID-19.

Dans les mois qui ont suivi, les CGC des communautés ayant des centres de santé ont démontré qu’ils comprenaient leurs rôles et responsabilités liés au bien-être de leur communauté. Par exemple, les CGC de Mafanco, Farim Bantandjan, Sonaco et Ga Mamudo se sont joints aux brigades de sensibilisation communautaire créées par les responsables du ministère de la Santé publique. Ainsi, les membres de la collectivité recevaient des renseignements importants sur la santé d’une source fiable et dans une langue qu’ils comprenaient. Les collectivités qui ont été informées avant la présence du virus ont contribué aux changements de normes sociales.

Le CGC de Guidage récupère les remboursements des emprunteurs du cycle de prêts de développement précédent

En avril 2020, les CGC ont reconnu qu’il leur incombait de veiller à ce que les collectivités soient protégées du virus ainsi que des défis socioéconomiques découlant de la pandémie. L’augmentation des cas et le confinement national imposé par le gouvernement sont survenus à une période de l’année où les communautés à l’échelle nationale entrent dans la récolte de noix de cajou, la principale activité génératrice de revenus pour plus de 80% des familles rurales en Guinée-Bissau. L’approbation des subventions gouvernementales qui aident les collectivités à participer à la récolte a été retardée ; en réponse, les CGC ont versé des fonds de développement communautaire à des emprunteurs ayant des idées de projet réalisables, et le Fonds de Solidarité pour les ménages ayant des moyens de subsistance limités et des urgences sanitaires.

Le personnel de terrain de Tostan a constamment maintenu la communication avec les communautés pour les conseiller, recueillir des informations et accroître le sentiment de solidarité pendant cette période sans précédent. À mesure que les informations sur les méthodes de prévention COVID-19 augmentaient de précision et que les brochures d’information Tostan devenaient disponibles, les superviseurs ont abordé les origines du virus, les recommandations d’hygiène et les normes sociales qui réduisent la propagation de COVID-19. Pendant les émissions, les superviseurs ont demandé aux membres de la collectivité d’adopter les gestes de « vague et de toucher le cœur » comme substituts à la poignée de main traditionnelle. Cette information a un rôle de soutien psychosocial important pour les communautés car elle leur a permis de comprendre collectivement pourquoi les salutations traditionnelles qui étaient universellement considérées comme un symbole de conduite décente sont maintenant découragées.

 

Auteur : Yussuf Sane, Coordinateur National de Tostan en Guinée-Bissau