
Son parcours personnel est un témoignage bouleversant de courage et de transformation. Mariée à l’âge de 14 ans, et elle-même praticienne de l’excision, Ourèye a su affronter avec lucidité et bravoure les traditions qui avaient façonné son existence. Sa rencontre avec le programme d’éducation non formelle de Tostan, de 1996 à 1998, a marqué un tournant décisif : elle y découvre la puissance libératrice de l’éducation aux droits humains, éveillant en elle une vocation profonde.

Résolue à bâtir un avenir plus juste pour les générations à venir, elle fait alors un choix radical : consacrer sa vie à l’abandon de l’excision et du mariage des enfants. À une époque où ces sujets étaient tabous, Ourèye a sillonné sans relâche les routes, de village en village, souvent accompagnée de leaders religieux et de femmes engagées, portant une parole de vérité, d’espoir et de changement.
Ourèye ne prêchait jamais par le jugement, mais par l’amour, l’expérience et une profonde empathie. Elle partageait sans détour ses regrets et ses apprentissages, invitant les communautés à renouer avec leurs valeurs fondamentales : la dignité, la santé et la compassion.
Par son authenticité et son engagement indéfectible, elle a contribué à faire naître un mouvement d’ampleur, un élan collectif qui a conduit des milliers de communautés au Sénégal et au-delà à abandonner des pratiques néfastes pour embrasser une vision nouvelle, ancrée dans les droits humains.

Photo de la Fondation Conrad N. Hilton
Aujourd’hui, nous pleurons sa disparition, mais nous célébrons également la lumière exceptionnelle qu’elle a fait rayonner autour d’elle. Son empreinte traversera les générations. Nous lui rendons hommage en poursuivant l’œuvre qu’elle a entamée avec la même humilité, la même compassion et la même détermination.
Repose en paix, Ourèye. Ton existence a changé le monde.