
A Sankuleh Kunda, un village situé dans le Central River Region en Gambie, Ramatulay démarre sa journée tôt le matin avec son étalage de légumes, des épices et des pâtes alimentaires disposé juste devant sa maison. Le soir, son étalage de produits alimentaires laisse place à d’autres produits de première nécessité comme les bougies, les allumettes etc. A 29 ans, Ramatulay ne se considère pas comme une « femme d’affaire ». Mais pour ces voisines, elle en est bien une pour qui connaît son parcours !
Il y a quelques années, sans source de revenu, cette mère de cinq enfants avait encore du mal à subvenir à ses besoins les plus basiques. Pour elle, tout a commencé grâce à un prêt à faible taux d’intérêt de 3 000 dalasis (environ 40 dollars US), accordé par le Comité de Gestion Communautaire (CMC) de son village. Ces comités sont mis en place et formés par Tostan dans les villages où il met en œuvre son Programme de Renforcement de Capacités Communautaire (PRCC), pour soutenir la prise de décision collective.
Quatre mois après ce prêt, Ramatulay avait déjà remboursé la moitié et fait grandir sa petite entreprise.
Ce prêt a changé ma vie. Aujourd’hui, je peux payer les frais de scolarité, acheter de la nourriture, du savon, des vêtements et des médicaments pour mes enfants. Savoir que je pourrais mettre trois repas sur la table pour mes enfants me rend sereine. Et quand mes enfants sont heureux, je le suis encore plus.
Un prêt qui a tout changé
Les Comité de Gestion Communautaire (CGC) sont aujourd’hui les moteurs du changement local dans les communautés où Tostan met en œuvre son programme. Composés de femmes, d’hommes et de jeunes élus, ils sont mis en place et formés dès la deuxième année du programme de Tostan pour gérer les plans de développement communautaire, promouvoir la transparence et superviser les systèmes de microcrédit.
Après avoir acquis de nouvelles compétences en droits humains et en gestion de projets, de nombreuses femmes et jeunes accèdent à leur tout premier prêt grâce au Fonds d’Appui au Développement mis à disposition par Tostan dans le cadre son programme été géré par le CGC.
Dans un contexte où l’accès au crédit bancaire est pratiquement impossible surtout pour les jeunes et les femmes, ce système de microcrédit change la donne.
La majorité des participants au programme ont lancé de petites entreprises. De la vente de poisson séché, de glaçons, de graviers, à la gestion de vidéoclubs, ces femmes arrivent à rembourser leur prêt à temps avec un taux d’intérêt de 5 %.
Du petit commerce individuel à une croissance collective
Les effets se font sentir dans tout le village. Avec les intérêts générés par les prêts, les CGC constituent une caisse communautaire qui sert non seulement à soutenir les prêts, mais aussi à financer les priorités de la communauté.
Au cours de l’année écoulée, ce fonds estimé à plus de 500 000 dalasis (près de 7 000 dollars US) a permis à Sankuleh Kunda de forer deux puits, de cultiver des rizières, d’acquérir une machine à décortiquer le riz et de financer la formation d’une infirmière pour le poste de santé local.
Nous sommes aussi en train de réhabiliter le poste de santé et de réparer l’ambulance. Une femme enceinte ne devrait pas avoir à marcher 3,5 kilomètres pour accoucher.
Sankuleh Kunda fait désormais partie d’un large réseau de villages qui prennent en main leur propre développement. Après avoir achevé le programme d’éducation de Tostan, le village a rejoint une initiative post-programme axée sur le Renforcement des Pratiques Parentales (RPP), et est devenu un membre actif de la Fédération qui regroupe tous les CGCs de la Central River Region.
Ce qui se passe à Sankuleh Kunda illustre parfaitement ce qui devient possible quand le savoir rencontre le capital. Lorsqu’un programme d’éducation structuré, animé par des facilitateurs locaux équipés les communautés avec des connaissances en santé, en gouvernance, en gestion financière, etc., des femmes et des jeunes comme Ramatulay acquièrent la capacité de rêver plus grand et de façonner leur propre avenir.